Une politique pastorale récompensée par un trophée

26.01.2020
« Coup de Coeur du Jury 2020 » des Trophées Cimes Durables

La mairie de Praz-sur-Arly s’est vue décerner, lundi dernier, le « Coup de Coeur du Jury 2020 » des Trophées Cimes Durables, pour la mise en oeuvre de son « Fonds Pastoral pour la restauration des milieux naturels et agricoles ».

Lundi, le maire de Praz-sur-Arly, Yann Jaccaz, était à Chambéry pour recevoir le prix lors de la cérémonie organisée par l’Association Nationale des Maires des Stations de Montagne (ANMSM), lors du salon Grand Ski.

Une belle reconnaissance pour ce dispositif unique, imaginé par la Municipalité pour soutenir le monde agricole et préserver les paysages montagnards.

Mis en oeuvre depuis 2017, il a la particularité unique d’être indexé sur l’urbanisation ou le consommation des espaces. L’action de la commune sert même de test puisqu’il est suivi et soutenu par l’Etat.

Comme l’a rappelé Yann Jaccaz, lors de son intervention à Chambéry, « tout est parti de la lecture du rapport Anthelme 2001, qui expliquait qu’en cent ans, 30 000 hectares de pâturages avaient disparu dans les Alpes du Nord du fait de l’envahissement des forêts et des broussailles. Nous avons donc commencé, dès 2008, à travailler sur un programme de reconquête des alpages sur nos terrains communaux. Certains agriculteurs ou propriétaires fonciers nous ont demandé s’il ne serait pas possible de les aider également. Il faut, en effet, avoir conscience que les exploitations, aujourd’hui, vivent du travail d’une ou deux personnes quand c’était le fruit de toute une famille il y a encore 50 ans. Lutter contre la pousse des arbustes et des buissons est devenu une mission quasi impossible pour une personne seule. »

En parallèle, les agriculteurs voient l’urbanisation progresser, diminuant encore un peu les terres disponibles, ce qui est vrai à Praz-sur-Arly comme dans la plupart des communes.

« Si nous avons fortement réduit le nombre d’hectares constructibles au Plan Local d’Urbanisme, nous avons aussi voulu être actifs sur la reconquête des pâturages en créant ce fonds. Nous l’avons indexé sur la consommation des espaces. Il est alimenté par la mairie au prorata de l’évolution de notre taxe d’aménagement. La commune abonde également le fonds si jamais elle doit réaliser un aménagement public sur un espace agricole ».

20 000 à 30 000€ sont ainsi investis depuis deux ans sur trois types d’actions : le débroussaillage, l’accès aux pâturages ou l’amélioration de la ressource en eau pour les troupeaux. L’accès peut, en effet, faciliter la mécanisation - et donc l’entretien des prairies. Idem pour l’eau, qui garantit la présence de troupeaux plus importants (meilleure pression de pâture).

Pour en bénéficier, les agriculteurs ou propriétaires doivent déposer un projet en mairie. S’il est retenu, la commune réalise l’action.

Depuis 2017, plusieurs chantiers ont déjà été mis en oeuvre comme, par exemple :
- débroussaillage d’un alpage pour regagner 1 hectare en terrain difficile (9 000 €)
- création de zones d’abreuvement permettant, en parallèle, d’éviter aux troupeaux d’endommager une zone humide jusque-là très piétinée pour accéder à l’eau (5 000 €).
- réalisation d’un chemin agricole permettant d’atteindre et d’entretenir des alpages jusque-là non exploitables par des moyens mécanisables (12 000 €).
- réalisation d’un forage pour atteindre des sources permettant d’alimenter une ferme ayant des  problèmes d’eau en périodes de sécheresse (15 500 €).

Trois autres communes ont été récompensées lundi soir par un Trophée Cimes Durables.
Saint François Longchamps a développé un système de liaison directe entre consommateurs et producteurs pour commercialiser fruits et légumes de leurs producteurs.
Peone-Valberg a recruté un médiateur pour amélioration la cohabitation entre éleveurs et pratiquants des loisirs de montagne.
Enfin, Font Romeu a créé un musée sans murs avec des supports issus du recyclage.