Intempéries : le bilan après une succession de phénomènes exceptionnels
Suite à l'ouverture de reconnaissance de catastrophe naturelle, nous avons reçu un certain nombre de questions, notamment de résidents secondaires, sur l'ampleur des dégâts liés aux précipitations majeures survenues depuis mi-novembre. Voici un historique et un état des lieux après ces phénomènes météo exceptionnels.
Trois épisodes d'alertes aux crues se seront succédé en un mois, engendrés par la conjonction de fortes pluies et de fonte neigeuse, alors que cela n'arrive généralement qu’après plusieurs années. Et les cours d'eau, en effet, ont atteint des débits très importants, mettant en alerte collectivités et syndicats intercommunaux.
Alors que la pluie tombait sans cesse, remplissait les cours d’eau et ruisselait sur les sols, des arbres sont tombés dans les cours d’eau, du bois mort s’y est accumulé et a formé des embâcles. Des buses se sont bouchées.
Surtout, des berges ont été fortement érodées. Cela a été le cas le long de l'Arly, notamment entre les Belles et Cassioz.
Sur le Nant Potty, l’enrochement situé sous la passerelle du domaine nordique (reliant les Thouvassières aux Varins) s’est fragilisé, tandis qu'une petite partie du sentier a été emportée.
Enfin, des glissements de terrain se sont produits, près de la route des Granges par exemple, mais aussi et surtout en montagne (sur des pistes de ski, sur le chemin forestier de Chevan et celui du Plan de l'Aar).Le Syndicat Mixte du Bassin Versant de l'Arly (SMBVA) et les services techniques de la mairie sont intervenus immédiatement.
Le SMBVA a retiré les bois accumulés tout au long de l’Arly à l’aide d’une pelle mécanique.
La mairie a fait poser des rochers à certains endroits, notamment vers la nouvelle passerelle menant au plan d'eau.
Les services techniques ont débouché des buses sur plusieurs lieux de la commune. Des particuliers ont aussi agi et on peut les remercier pour leur réactivité.
Aujourd'hui, les travaux d'urgence laissent la place à des travaux de fond, voire des études pour certains secteurs.
La passerelle du domaine nordique est en cours de réparation. La mairie et Labellemontagne construiront le nouveau plancher dès que l’enrochement sera terminé. Tout est fait pour que l'ouvrage soit terminé pour les vacances de Noël. L'avoir reconstruit en quelques semaines aura été un sacré défi.
Sur le reste du domaine skiable, Labellemontagne est intervenue avec la commune pour remettre en état. Un seul sinistre n'a pas pu être réparé : la canalisation alimentant le réseau de neige de culture sur la partie basse de la piste des Chars. Un mouvement de terrain l'a cassée. Elle sera remplacée cet été. En attendant, Labellemontagne a dû l'isoler du reste du réseau pour permettre la production entre la piste du Soir et le Crêt du Midi, ce qui n'a pas été une mince affaire. Sur ce tronçon, la production a ainsi pu reprendre le week-end dernier.
En ce qui concerne l’affaissement de la piste communale reliant le pont de la Crusaz à un réservoir communal ainsi qu’à une habitation, l’entreprise Mont-Blanc Matériaux a bâché la zone pour limiter au maximum l’apport d’eau aux matériaux glissés et a aménagé un accès provisoire en déviant la piste dans le talus amont.
La mairie mène actuellement des études pour protéger durablement la berge de l'Arly entre les Belles et les abords du lac. Ce seront sans doute les travaux les plus coûteux à mener en 2024. L'enrochement route de l'Arly devra aussi, sans doute, être prolongé.
Une étude est également en cours pour protéger la route des Granges.
Les chiffrages ne sont pas définitifs, mais les investissements à engager par la commune l'an prochain devraient dépasser les 500 000 €.
Le classement de la commune en état de catastrophe naturelle a été demandé auprès de l'État. Il est en cours d'instruction.
Des dégâts moindres et un débit record
« Malgré un débit majeur, similaire à celui de la crue de 2015, qui avait fait de très nombreux dégâts, les dommages ont été moindres cette fois, malgré la succession des alertes. Cela s'explique notamment par les importants travaux d'entretien engagés par la mairie et le SMBVA, ainsi que les travaux de berges, ces dernières années » analyse Yann Jaccaz, maire de Praz-sur-Arly (lire ci-dessous). Des dégâts à relativiser, par ailleurs, face aux inondations terribles qui se sont produits dans d'autres communes françaises. À la veille de Noël, ce sont aux sinistrés touchés par ces phénomènes que nous pensons particulièrement.
En 2015 et 2016, la commune, le SM3A* et le SMBVA ont fait débroussailler et couper les arbres menaçants sur l’ensemble des berges pralines afin de limiter les risques de barrage lors de crues, pour un montant de 42 000 €. Les riverains se sont ainsi retrouvés avec un état zéro plus facile à entretenir.
Subventions perçues par la commune : Agence de l’eau, Région Rhône-Alpes, Conseil départemental
Ces actions font partie de la compétence Gemapi (Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations), qui a été mise en place par la Communauté de communes Pays du Mont-Blanc en 2015.
Sources : ici et là
Afin de limiter la dégradation des boisements riverains des cours d’eau et, par conséquent, la déstabilisation des berges, la propagation des espèces invasives ainsi que l’obstruction et le débordement des cours d’eau, les élus du SMBVA ont décidé de mener des travaux d’entretien (déclarés d’intérêt général par arrêté) sur la période 2020-2024.
La mairie de Praz-sur-Arly et le SMBVA ont ainsi réalisé des opérations de lutte contre la renouée du Japon (en juin 2016 et en avril 2023 par exemple), et veillé à ce que cette plante invasive ne se répande pas lors de travaux, tels que la sécurisation du réseau d’eau potable sous le pont de l’Île.
Le SMBVA a convié les élus municipaux et les propriétaires riverains à une réunion d’échange et d’information sur les travaux d’entretien des cours d’eau le 26 juin 2023.
Source
-
Travaux de renforcement des berges
En septembre 2022, l’entreprise Mont-Blanc Matériaux a conforté des berges au niveau du pont de la Crusaz, qui étaient sujettes à l’érosion malgré la présence d’un ouvrage de soutènement.
En novembre, l’entreprise Espaces Ruraux Montagnards a revégétalisé une berge du pont de l’Île afin de maintenir le talus, selon la technique dite de « Lit de plants et plançons », qui consiste à intercaler des boutures (des morceaux de branches avec des nœuds) avec une toile de coco biodégradable. Elle a également planté des arbres et des arbustes de différentes variétés.
-
Plan pluriannuel de gestion des cours d’eau
Dans le cadre de ce plan, le SMBVA a missionné l’entreprise Champ des Cimes pour entretenir et restaurer l’Arly, le torrent de Cassioz, le Nant Varins et le ruisseau du Berrier, en septembre 2023, en gérant de façon sélective les boisements des berges ainsi qu’en retirant les bois morts et obstacles au bon écoulement de l’eau.
Source
* SM3A : Syndicat mixte d’aménagement de l’Arve et de ses affluents